Au menu de cette lettre d’information d’Action & Démocratie
- Harcèlement scolaire : une impuissance coupable
- PAP : les professeurs n’en peuvent plus !
- AESH : faites valoir vos droits !
- Participation aux frais de mutuelle
1/ Dinah, victime d’une impuissance coupable
Le 25 octobre dernier se tenait à Mulhouse une marche blanche en mémoire de la jeune Dinah Gonthier, lycéenne alsacienne de 14 ans qui s’est donné la mort après avoir subi deux ans de harcèlement de la part d’autres filles de sa classe.
Le lendemain, à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer rejetait toute accusation de « laxisme » en affirmant que « le harcèlement scolaire doit cesser » et en se disant « ouvert à toutes les propositions » pour y faire face.
Depuis janvier, Dinah est la dix-neuvième victime à décéder des suites du harcèlement scolaire, comme le rappelait le député du Finistère Erwan Balanant. Une hécatombe déjà évoquée le 6 octobre dernier au Conseil Supérieur de l’éducation, lorsqu’une minute de silence y avait été observée à la mémoire de la jeune Chanel, collégienne du Nord décédée dans les mêmes circonstances. Edouard Geffray, DGESCO et représentant du ministère, avait alors vanté les résultats du programme PHARE contre le harcèlement scolaire, structure dans laquelle « des adultes et des jeunes sont formés pour accueillir la parole des victimes ». Une autosatisfaction qui ne résiste pas à l’épreuve des faits : écouter, recueillir la parole des victimes, échanger, débattre, c’est bien… mais cela ne suffit pas. […]
2 / PAP : les professeurs n’en peuvent plus !
A ne pas confondre avec le PAI (projet d’accueil individualisé exclusivement médical) et le PPS (réservé aux élèves dont le handicap est reconnu par la MDPH), lesquels, plus rares et mieux encadrés, sont aussi plus honnêtes et pragmatiques, notamment parce qu’ils n’ont pas été banalisés, le PAP (qu’on a fini par prononcer « pape », tant il faut traiter comme des papes ceux qui en bénéficient) est devenu notre quotidien.: il est difficile, depuis quelques années, d’avoir à sa charge une classe qui ne compte pas son lot d’EBS (élèves à besoins spécifiques), parfois renommés EBP (élèves à besoins particuliers), bénéficiant d’un PAP (plan d’accueil personnalisé). Derrière ces acronymes et ce jargon ridicule et pédant, une sinistre réalité : l’inefficacité totale de ces dispositifs (l’EN raffole des « dispositifs » autant que des acronymes) qui, la plupart du temps, se transforment en boucliers ou en parapluies derrière lesquels parents et élèves se protègent pour dissimuler la médiocrité d’un niveau, voire l’absence totale de niveau ou même, parfois, la simple paresse scolaire. « Non, mon enfant ne sait pas / ne peut pas faire cela : c’est écrit dans son PAP. Non, mon enfant ne peut pas être évalué sur cet exercice : c’est écrit dans son PAP. Non, mon enfant ne prendra pas son cours en note : c’est écrit dans son PAP. Non, mon enfant ne travaillera pas : c’est écrit dans son PAP… », ad libitum et ad nauseam. Bref, un nouveau type d’élève est né, grâce au PAP et à l’activisme parental procédurier qu’il permet : l’incapable-de-tout, désireux-de-rien, auquel on ne peut rien demander, et dont on nous assure pourtant qu’il n’a pas de déficience intellectuelle et qu’il peut parfaitement être scolarisé à tel ou tel niveau et se confronter au même programme que ses camarades. Les dictées en moins, l’orthographe en moins, la propreté des copies en moins ; en somme, l’écrit en moins. L’EN a inventé ou a laissé s’inventer – avec cautions médicales et orthophoniques à l’appui – l’élève dispensé d’écrit, dispensé de soin, l’élève naturellement, ontologiquement, physiologiquement fâché avec l’écrit, et donc excusable, par nature, et inévaluable… sauf à l’oral. L’élève dont on ne peut rien attendre, mais que l’on doit ménager et gratifier de notes bienveillantes si l’on ne veut pas le froisser, sans quoi l’on nous rétorquera que « c’est pourtant écrit dans son PAP ». Peut-être la case « noter 12 minimum toute production de l’élève » entrera-t-elle un jour dans la grille ubuesque qui tient lieu de PAP…
3 / SPECIAL AESH
- Faites valoir vos droits
Malgré l’annonce de quelques améliorations à la fin du mois d’août, les AESH restent mal considérés par leur employeur, précarisés puisqu’ils ne disposent toujours pas d’un statut de fonctionnaire, et surtout sous-payés avec un salaire moyen qui dépasse à peine 750 euros, bien en dessous du seuil de pauvreté. Dans ces conditions, il ne saurait être question qu’ils fassent des cadeaux financiers à leur employeur !
C’est pourquoi Action & Démocratie tient à rappeler certains droits qu’il convient de faire valoir sans aucune hésitation : maintien de la quotité de service, remboursement des frais de déplacement, activité accessoire sur simple déclaration, aide financière pour garde d’enfants. A lire ci-dessous.
- Petite hausse de salaire en novembre : soyez vigilant
Depuis la rentrée scolaire, Jean-Michel Blanquer est tout fier de répéter en boucle que le statut des AESH a connu une amélioration qu’il qualifie, au gré de ses interlocuteurs, parfois de très importante, parfois d’historique. Le résultat du décret n°2021-1106 du 23 août 2021 relatif aux conditions de recrutement et d’emploi des AESH et de l’arrêté en date du même jour relatif à l’échelonnement indiciaire des AESH qui ont mis en place trois modifications notables : une nouvelle grille de rémunération permettant une progression nettement plus importante des salaires au cours de la carrière, ce dont il faut bien sûr se réjouir ; un reclassement dans la nouvelle grille de rémunération prenant en compte l’ancienneté déjà acquise, dont il faut là encore se réjouir ; un passage désormais automatique au niveau de rémunération supérieur au bout de 3 ans, ce qui constitue un réel progrès qu’il convient également de saluer.
Ces modifications représentent une avancée réelle pour les AESH même si elles ne répondent qu’en partie à leurs légitimes revendications. Elles ne se sont pas encore concrétisées sur les feuilles de paie. Cela peut paraître étonnant, mais c’est en réalité tout à fait normal puisqu’elles nécessitent une adaptation des logiciels utilisés pour le calcul et le versement des salaires. Une mise à jour qui nécessite plusieurs semaines, d’autant qu’elle a été compliquée par l’augmentation du SMIC survenue le 1er octobre qui a rendu obsolète l’arrêté du 23 août relatif à l’échelonnement indiciaire et a obligé à le remplacer par un nouvel arrêté publié le 20 octobre.
Mais la prise en compte de ces améliorations ne va maintenant plus tarder. Voilà précisément la façon dont elle va se faire
- AD, un syndicat aux côtés des AESH
Pour un vrai statut dans la fonction publique
Des emplois pérennes
Un temps plein pour un salaire décent
Une véritable formation professionnelle sur le temps de travail
Une mutualisation cohérente avec les notifications de la MDPH
Les lycées, collèges, SEGPA, EREA et écoles accueillent de plus en plus d’AESH que nous soutenons, accompagnons et conseillons. Nous sommes des interlocuteurs privilégiés quand il faut parler de revalorisation indiciaire mais aussi d’affectation, de formation, de temps de travail, de rémunération mais aussi d’emploi du temps avec les établissements de référence.
Les avancements tous les 3 ans pour chacun des niveaux et le reclassement à l’ancienneté constituent une avancée certaine mais cachent bien souvent des conditions de travail déplorables et des personnels soumis à l’aléatoire du quotidien.
Les quelques efforts faits pour améliorer le rythme d’avancement ou même les indices de la nouvelle grille ne suffisent pas non plus à compenser la faiblesse des salaires des AESH, rattrapés par l’inflation et se situant en dessous du seuil de pauvreté de 1063 euros par mois que l’INSEE a fixé en 2021.
Nous nous inquiétons aussi de la déréglementation générée par la mise en place des PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisés) et du délitement de l’accompagnement des élèves de BEP. Le démantèlement de cette fonction est inquiétant car il obéit à la seule logique comptable avec l’augmentation du nombre d’élèves à accompagner, faisant craindre une difficulté à apporter toute l’aide dont les élèves ont besoin pour compenser leur handicap. Les ajustements opérés au pied levé masquent la minoration des recrutements et l’aggravation des conditions de travail.
Action et Démocratie continuera de soutenir votre fonction qui mérite d’être bien mieux reconnue et défendue. Nous sommes également présents à vos côtés pour vous aider à appréhender les problèmes que vous pourriez rencontrer dans l’exercice quotidien de vos fonctions.
4 / 180 € par an : participation au coût de votre mutuelle
Attribuée sur demande, la participation de l’État sur le coût de votre mutuelle sera effective à compter du 1er janvier prochain.
Cette mesure s’adresse à l’ensemble des agents publics, (titulaires et contractuels), dans la quasi-totalité des situations administratives possibles : CLM, CLD, congé, détachement y compris la disponibilité pour raison de santé, congé sans rémunération, congé de présence parentale, congé de solidarité familiale pour raison de santé, congé de proche aidant etc.
Le décret d’application de l’ordonnance du 17 février 2021 institue le remboursement de 15€ par mois de la cotisation de complémentaire santé, à partir du 1er janvier 2022, 50% à compter de 2024.
La déclaration mutuelle sera à faire sur le serveur COLIBRIS. Si ce serveur académique ne devait pas être opérationnel, nous vous conseillons de transmettre d’urgence à vos gestionnaires RH, votre attestation de protection sociale complémentaire en vue du bénéfice du remboursement d’une partie de votre cotisation.
– Les personnels adhérents MGEN, ont été destinataire de l’attestation par voie postale (a priori disponible également depuis votre espace adhérent).
– Les personnels adhérents à muta Santé via EDUCLUB (partenaire Action et Démocratie) l’attestation est envoyée automatiquement aux assurés.
Affilié à la CFE-CGC, Action & Démocratie est le syndicat qui défend et représente les personnels de l’éducation en tant que cadres et assimilés.
Notre organisation réunit professeurs des écoles, professeurs des collèges, des lycées généraux, technologiques et professionnels, professeurs de l’enseignement supérieur, professeurs documentalistes, personnels de vie scolaire, Psy-EN, AESH, personnels administratifs et également personnels de direction. Les spécificités de chacun y sont reconnues et respectées mais c’est en nous mettant ensemble que nous nous donnons les moyens de peser, d’enrayer la dégradation sans fin de nos métiers et de reconstruire une école digne de ce nom.
Vous êtes des cadres ! Rejoignez Action & Démocratie/CFE-CGC ! Notre syndicat est le vôtre : vous pouvez vous y impliquer de plusieurs façons, de la simple adhésion à l’exercice de responsabilités académiques ou nationales pour participer à la défense collective des intérêts matériels et moraux de chacun ainsi que de ceux de la profession tout entière.